Où l’on verra ce qui reste d’une allégorie quand on la passe au feu de conditions extrêmes. Où se confirmera qu’asséchées ou gercées, les lèvres apprennent à mieux peser les mots. Où l’on caressera, au beau milieu du naufrage, le vieux rêve nuptial de la nature et du théâtre, jusqu’à tenir cette révélation, jaillie du poing ouvert : « Plus le théâtre est théâtral, moins la nature est naturelle ! » D’où naîtront d’étranges peintures, musicales et matérielles, bien faites pour lever les patientes pensées qui dorment en échardes sous nos épidermes.
En Lozère, où j’ai habité quelques années, il y a ce qu’on appelle les « clochers de tourmente ». Autrefois, pendant une intempérie — lorsqu’on ne peut plus rien distinguer dans les montagnes, lorsqu’il n’y a plus d’autres repères que cet « horizon unanime » dont parle Mallarmé —, les marcheurs ou les pèlerins se mettaient à marcher en rond, suivant un cercle de diamètre pas trop important, pour ne pas perdre leurs propres traces, en attendant que sonnent les clochers de tourmente qui étaient disposés dans chaque hameau, pour se reconduire. « Tourmente », c’est aussi un adoucissement de ce vocable de « crise » que je ne voulais pas utiliser. Les Tourmentes sont des pièces brèves, qui vont former une série, ou une suite, au sens musical. Elles partent d’une volonté de mettre en scène des corps dans des paysages naturels hostiles, des territoires où les conditions de vie humaine sont très difficiles. Comment représenter aujourd’hui certains milieux naturels au théâtre ?
Les Dimanches de Monsieur Dézert Lionel Dray
suivi de
Au désert
Sylvain Creuzevault
du 15 au 17 mai
réserver(Pièce de la série Les Tourmentes)
Au désert, part simplement de cette idée d’une « traversée du sec », extrêmement simple, épurée, mais qui brasse aussi 5 000 ans de paraboles, que ce soit dans les textes ou les formes de l’expression populaire qui évoquent à la fois un passage à vide et un assèchement…
Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard Sylvain Creuzevault
suivi de
Construire un feu
Sylvain Creuzevault
du 21 au 24 mai
réserver(Pièce de la série Les Tourmentes)
Cette pièce s’inspire de Construire un feu, de Jack London — de la seconde version de la nouvelle, celle qui finit mal, même si son très beau sous-titre : « Ne voyagez jamais seul » vient, lui, de la première. Dans Construire un feu, nous voyons un homme et un chien aux prises avec un espace naturel, le territoire du Yukon, dans le Nord-Ouest canadien, par – 75°C.
le samedi 18 mai 2019
Ce Qui Vive ! sera conçu en collaboration avec l’équipe de Sylvain Creuzevault.
Poésie !
Félix Jousserand
le jeudi 23 mai, à la Ferme marine des Aresquiers
entrée libreLa Fabrique et à l'entour
à l’issue de la représentation de Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard + Construire un feu : rencontre avec l’équipe artistique