Après Les Palmiers sauvages, c’est la seconde fois que Séverine Chavrier adapte et déborde l’un des romans fleuve de William Faulkner, à la mélancolie farouche. Absalon, Absalon ! retrace l’histoire quasi biblique, racontée par plusieurs voix, d’un self-made man qui, partant d’une pièce d’or trouvée, se rêve une dynastie glorieuse, mais échoue. On y croise sur deux générations une galerie de figures de l’Amérique profonde et sudiste, quelques vainqueurs et beaucoup d’abîmés. La guerre de Sécession et les drive-in, la peur du métissage, l’inceste et les frénésies de l’industrialisation galopante… On passe du maïs au pop-corn dans ce sud poisseux de chaleur et d’histoires coupables qui s’entrechoquent. Mille bribes de sons, de voix, d’images, de personnages, de tragédies capitalistes en péripéties racistes, s’empilent, nous perdent et nous retrouvent, dans une spirale où tous nos sens travaillent, vertigineuse.

Séverine Chavrier

Pianiste de formation, formée au Conservatoire de Genève ou elle obtient la médaille d’or en piano et le premier prix d’analyse musicale, puis au Cours Florent, Séverine Chavrier multiplie les collaborations en tant que musicienne et comédienne auprès de Jean-Louis Martinelli, Rodolphe Burger ou encore François Verret. Après avoir créé sa propre compagnie, La Sérénade interrompue, elle initie un travail théâtral fait de rencontres et de croisements entre les disciplines et les techniques. S’appuyant sur la virtuosité singulière de ceux qui les interprètent – acteurices, musicien-nes, danseur-euses, circassien-nes… – ses spectacles construisent des dispositifs tout à la fois sonores, vidéos et plastiques ou l’accumulation et l’enchevêtrement des signes produisent des labyrinthes dramaturgiques qui, s’ils s’éloignent souvent de la lettre des textes qui les ont inspirés, en révèlent l’essence souterraine, les réseaux de sens et les récits caches. De 2017 à 2023, elle dirige le Centre Dramatique National d’Orleans, puis devient directrice de la Comédie de Genève.