À l’hiver 1974, alors que son amie et critique de cinéma Lotte Eisner agonise dans un hôpital parisien, le réalisateur Werner Herzog s’en fait le serment : elle ne mourra pas sans qu’ils se soient revus. Il prend la route à pied, de Munich à Paris. Trois semaines d’une marche glaçante et éblouie à travers champs, banlieues, forêts enneigées, cabanes de fortune et pavillons à l’abandon.
dim 6 oct à 11h, Projection au cinéma Diagonal, La Grande Extase du sculpteur sur bois Steiner de Werner Herzog
pour toutes et tous
dim 6 oct de 12h à 14h, Rencontre brunch avec Bruno Geslin
à la brasserie Le Dôme, Montpellier
mer 16 oct à 19h, rencontre avec Roger Assaf
Grande figure du théâtre libanais, en partenariat avec Occitanie Livre et Lecture
hall du théâtre, entrée libre dans la limite des places disponibles + d’info
les 17, 18 et 19 oct de 10h à 17h, Atelier de jeu dirigé par Bruno Geslin
Le roman-fleuve de Peter Weiss suit le trajet d’un jeune ouvrier communiste entre 1937 et 1945, de son Allemagne natale à son engagement dans la guerre civile espagnole, jusqu’à son exil en Suède. Mais cet itinéraire d’un militant antifasciste se double d’une aventure esthétique : le narrateur et ses camarades s’exercent en autodidactes à analyser de grandes œuvres, pour y découvrir une histoire de l’art en prise directe avec les rapports sociaux
Un slogan ouvre la pièce, qui rappelle le choix historique opéré en France au milieu des années 1930 par une partie de la droite patronale et de l’extrême-droite : « Plutôt Hitler que le Front populaire ». C’est sous cette bannière que Sylvain Creuzevault va faire défiler sur scène les figures politiques et intellectuelles de la Collaboration.
En 2022, alors qu’elle est en train de travailler à la mise en scène du Firmament de Lucy Kirkwood, Chloé Dabert reçoit le texte d’une jeune autrice canadienne, Lucie Boisdamour. L’écho entre les deux écritures est troublant : rythme haletant, humour corrosif, jeu avec les codes du thriller contemporain. Rapt questionne l’usurpation d’identité sur les réseaux, la manipulation des informations dans une société de la surveillance permanente, le militantisme écologique confronté aux intérêts des grandes puissances industrielles, le complotisme à l’ère de la démocratie numérique.
Une femme d’une quarantaine d’années, seule sur scène, nous parle. De sa vie, de son couple, de ses enfants. Récit ordinaire, sans concession mais non sans drôlerie, des joies et des déboires de l’existence. Parfois ses enfants semblent l’interrompre, elle leur parle, ils ne lui répondent pas. Des portes coulissent, des souvenirs reviennent de derrière les cloisons.
Corps noirs sur fond blanc : on peut ainsi décrire, plastiquement, la mise en scène de Rébecca Chaillon. Corps noirs sur fond blanc : cela vaudrait aussi pour la manière dont s’est racontée l’Histoire, au fil de siècles d’esclavage et de colonisation, avec leur cortège d’images et de représentations.
Cette pièce d’étude, conçue par Céline Champinot pour le programme d’itinérance des 13 vents, revisite les fonds et les combles de la fameuse tragédie de Shakespeare, Roméo et Juliette. On y découvre que cette histoire d’amour est aussi celle du suicide (d’abord simulé, puis réel) de deux adolescents de quatorze ans. On y éprouve qu’une passion (pour le théâtre, l’amour, la mort) se nourrit à l’intensité des premières et des dernières fois.
Le principe est simple : Robert Cantarella est assis face à nous, sans artifices, équipé seulement d’une discrète oreillette. Dans son oreillette : la voix du philosophe Gilles Deleuze, en train de donner cours à l’Université de Paris VIII-Vincennes, quarante ans plus tôt. Le jeu : refaire le cours de Deleuze, mot pour mot, en épousant son rythme, ses hésitations, ses toux, ses rires, ses envolées, ses pauses.
Le Prince de Hombourg, magnifiquement interprété ici par Nicolas Maury, est un des personnages les plus étranges de l’histoire du théâtre. Un jeune homme rêveur, dit-on, un somnambule qui semble se tenir en équilibre au bord de la réalité. En témoigne le début de la pièce : sortant de son sommeil sur le champ de bataille, à la veille du grand assaut, le prince trouve un mystérieux gant à côté de lui. Troublé, il n’écoute pas les consignes. Le jour venu, il enfreint tous les commandements, et bien que remportant la victoire, se retrouve condamné à mort pour avoir désobéi.
C’est un plateau de théâtre ou plutôt un terrain de jeu qui serait un terrain tremblant. On y entre par la nuit (la lune est là), par la mort (une tombe est fleurie), et par une certaine poésie. Un petit groupe d’êtres maladroits et particulièrement sensibles, des êtres brisés mais obstinés, occupe ce terrain. Ils s’inventent et fantasment un lieu aux multiples strates, un ancien palais qui aurait conservé de son passé glorieux (tragico-grec ?) une fonction officielle d’annonces et de prédictions.
Un nouveau venu rejoint une communauté qui évolue dans un lieu « hors-monde ». La visite guidée commence par la description minutieuse, sur les murs nus, de fresques représentant la grande bataille de Cajamarca : le massacre des Indiens par les Espagnols qui marque la fin brutale de la civilisation Inca, elle-même fondée sur le sacrifice humain. Ce mythe fondateur de la conquête coloniale devient le fil conducteur d’une méditation sur l’Histoire, qui revient épisodiquement.
Sur scène, deux acteurs-opérateurs suivent les consignes d’un manuel de photographie argentique en onze étapes très simples, à commencer par la première : « Vérifiez que l’appareil en votre possession est bien en état de marche ». Mais il n’y a pas d’appareil, et nous sommes au théâtre.
Les forces vives qui donnent son titre à la pièce sont celles qui traversent les œuvres autobiographiques de Simone de Beauvoir : Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force de l’âge, La Force des choses… Ce sont les forces d’une femme, habitée toute sa vie par les promesses éblouissantes de la jeunesse, par la certitude des livres à écrire, des désirs à assouvir, des peurs à combattre.
Cette pièce est une fantaisie qui tâche de capter les forces du monde contemporain, non seulement à l’échelle d’une société tout entière, mais aussi à l’échelle de l’espèce humaine. Une espèce humaine mise au régime de la nouveauté obligatoire, et paradoxalement ramenée à la plus grande standardisation.
Ce Qui Vive ! est conçu avec Nathalie Garraud, Olivier Saccomano et la Troupe Associée (projections, rencontres, lectures). Il débute par le séminaire d’Olivier Neveux.