Trust / Shakespeare / Alléluia

Sur scène, on devrait voir un « long poème roulé dans du bleu avec quelques éclaircies de musique fouettée au ralenti ». Une communauté de jeunes acteurs s’y invente un théâtre et une vie, à partir des grands rôles shakespeariens. La fiction brûle le documentaire, qui a brûlé la réalité. Et sur le seuil, un titre en forme d’énigme. Trust : « invention de la confiance oblige », dit l’auteur. Shakespeare : « nous n’empruntons aucunement des extraits de ses pièces, c’est un coup d’État que nous pensons accomplir, un coup d’État avec Shakespeare ». Alléluia : « Il me faut un cri qui lève le jour ».

Dieudonné Niangouna

Demandez-moi si je vis.
Si je ne vis pas,
Je vous dirais : je ne sais pas.
Je marche en fermant les poings
Pour ne pas tomber.
Je marche la tête courbée
Pour ne pas me laisser écraser par l’orgueil des choses.
Quand on n’est pas mûr,
Il ne faut pas regarder la cruauté en face.
Quand tu vois passer la beauté,
Baisse ta tête, c’est la guerre
Qui n’est plus loin.
Je marche pour m’empêcher de penser
Je marche en pensant pour m’empêcher
De hurler à la vitesse de la terreur autour de moi.
Je ne préfère ni la mort, ni la vie
Je vous parle de moi
Du bruit autour de moi,
De ce désordre qu’on appelle vie
Que j’entends tous les jours.
Je marche.
Je fais la vie à ma peine.
Je ne sais pas où vont les chemins.
Moi j’invente ceux qui acceptent le bruit de mes pas.
Et je ne sais plus ce que c’est que les autres.
Qui va vers la vie ?
Je ne sais qui en sort.
Un mort est un vrai vivant dur à tuer.
Un vivant est un mort de pacotille.
Je fais en me toquant sur la poitrine :
« Qui vit là ? »

texte, mise en scène et scénographie : Dieudonné Niangouna
jeu : Laurent Barbot, Fitzgerald Berthon, Julie Bouriche, Vincent Brousseau, Léna Dangréaux, Honorine Diama, Yasmine Hadj Ali, Annabelle Hanesse, Liesbeth Mabiala, Dieudonné Niangouna, Agathe Paysant, Emmelyne Octavie, Carine Piazzi, Bertrand de Roffignac, Flore Tricon
collaboration artistique : Laetitia Ajanohun
assistanat à la mise en scène : Sarah Calcine
musique : Sébastien Bouhana
lumières : Xavier Lazarini
costumes : Marta Rossi
vidéo : Sean Hart Laval
musicien : Sébastien Bouhana
régie générale : Nicolas Barrot
texte publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs

Dieudonné Niangouna est artiste de l’Ensemble Associé
au Théâtre des 13 vents CDN Montpellier

production :
Compagnie Les Bruits de la Rue
partenaires de production : MC93 – Maison de la Culture de Seine‐Saint-Denis ; Théâtre des Quartiers d’Ivry ‐ CDN du Val‐de‐Marne ; Théâtre des 13 vents CDN Montpellier ; Comédie de Caen – CDN de Normandie ; Künstlerhaus Mousonturm, Francfort
Avec le soutien du dispositif d’aide à la création de la Région Île-de-France, du Département du Val-de-Marne, du fonds d’insertion de l’Ecole du Théâtre National de Bretagne.
Avec la participation du Jeune théâtre national.
En partenariat avec la Cité internationale des arts de Paris.
La Compagnie Les Bruits de la Rue est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île-de-France.