Maldoror

On raconte que, seul, dans une petite chambre parisienne à la fin du XIXe siècle, un jeune homme qui mourra bientôt à vingt-quatre ans écrivit la nuit un poème maléfique, en plaquant des accords furieux sur un piano de location. Les portes de l’inconscient, ouvertes sur l’art du XXe siècle, ne se refermeront pas. Seul dans sa chambre de théâtre, Benjamin Lazar, alias Isidore Ducasse, alias le comte de Lautréamont, alias Maldoror, déplie avec précision l’obscurité du chant, ravive l’envahissement des visions, épouse note à note le grand mouvement des métamorphoses.

Benjamin Lazar

Mon autoportrait serait comme ces jeux à points numérotés que l’on doit relier d’un trait pour en faire apparaître le dessin caché, et les points seraient les amis réels et imaginaires que ce chemin de théâtre m’a fait rencontrer : Eugène Green et le théâtre baroque m’ont présenté Théophile de Viau qui m’a fait rencontrer Annie Le Brun qui m’a fait rencontrer le poète Luis Felipe Fabre. Molière m’a amené à rencontrer le musicien Vincent Dumestre avec qui j’ai ensuite fait mon premier opéra. Cyrano de Bergerac m’a amené sur la Lune, qui m’a donné envie de ce voyage-retour dans les profondeurs de l’océan et du cœur humain avec Isidore Ducasse, autre marginal de la littérature, car c’est depuis les marges qu’on observe le mieux la page où se dessinent ces mouvantes constellations de rencontres.

Benjamin Lazar

d’après Les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont
mise en scène et interprétation : Benjamin Lazar
scénographie et costumes : Adeline Caron et John Carroll
création sonore : Pedro Garcia-Velasquez et Augustin Muller
images : Joseph Paris
costumes : Adeline Caron
collaboration artistique : Jessica Dalle

Les Chants de Maldoror de Lautréamont est publié aux Éditions Corti.

production : Théâtre de l’Incrédule