L’Homme hors de lui

L’Homme hors de lui, c’est un titre qui ouvre le toit de la cabane humaine. Une des répliques finales du Vivier des noms, la précédente pièce, était : « Allez annoncer partout que l’Homme n’a pas encore été capturé ». Tout ce que je fais, au fond, est une offensive contre les sciences humaines. L’Homme nous surprendra toujours. Il sort toujours par une fenêtre ou par une porte qu’on n’a pas prévue. Il y a, pour chacun des humains, à renouer avec l’érotique de la parole, avec une joie gymnique du langage – à se déverrouiller de nos tétanismes mentaux. Une journée avec les acteurs au plateau est comme une séance dans l’atelier du peintre : tout dialogue avec l’espace et sonne autrement par simple déplacement. Dans L’Homme hors de lui, la peinture est comme le manuscrit du texte. Elle vient dire autre chose. Il est vital d’arriver innocent, idiot, ouvert, attendant. Je lutte tous les jours contre l’enfer de la communication. Je ne veux pas emmener le spectateur en « promenade culturelle », mais le libérer par violence comique.

Valère Novarina

Placer devant soi mille repères pour se perdre. C’est ce que j’ai toujours recherché en écrivant : le moment où ce n’est plus un écrivain qui écrit, mais quelqu’un qui est sorti de soi, moment qui ne se trouve qu’au bout du long chemin d’exercices, tout à la fin du travail, moment de conscience totale, de libération, moment où j’ai perdu toute intention d’écrire, de peindre, de dessiner, moment où la parole a lieu toute seule, comme devant moi, hors de moi. Je n’ai jamais supporté l’idée que quelqu’un fasse quelque chose. Mes livres, j’ai mis chaque fois cinq ans à les faire, des milliers d’heures, de corrections maniaques ; mais ils se sont faits tout seuls. Je n’ai jamais écrit aucun de mes livres.

texte, mise en scène et peintures : Valère Novarina
par : Dominique Pinon
musique : Christian Paccoud
l’ouvrier du drame : Richard Pierre
collaboration artistique : Céline Schaeffer
lumières : Joël Hourbeigt
scénographie : Jean-Baptiste Née
dramaturgie : Roséliane Goldstein
costumes : Céline Schaeffer assistée de Marion Xardel
compositrice et interprète piano : Laurie Barrère
adaptation et régie lumière : Paul Beaureilles
régie générale Richard Pierre
assistante de l’auteur Sidonie Han
production/diffusion Séverine Péan, Emilia Petrakis / PLATÔ
construction du décor Atelier de La Colline
publication du texte : éditions P.O.L, automne 2018

production : L’Union des contraires
coproduction : La Colline, théâtre national
accueil en résidence pour la reprise : Théâtre de Vienne
avec le soutien du Ministère de la Culture, DGCA, Délégation au théâtre