Le nom Macaluso est typiquement sicilien, il vient de l’arabe, il détermine un lieu précis, le sud. Il y a tant de Macaluso en Sicile… Mais le sujet n’est pas la famille Macaluso, ce sont les sœurs Macaluso, sept femmes qui ont vécu ensemble toute leur vie, dans la même maison, qui partagent un passé, des règles, des mots et des gestes transmis de génération en génération.
Un ami m’avait raconté une histoire qui m’a inspirée. Sa grand-mère, dans le délire de la maladie, appelle sa fille à son chevet et lui demande : « Finalement, suis-je vivante ou morte ? » La fille répond : « Vivante ! Tu es vivante, maman ! » Et la mère, d’un air moqueur : « C’est ça… vivante… Je suis morte depuis un bout de temps et vous ne m’avez rien dit pour ne pas me faire peur ! »
Dans la pièce, le temps est suspendu, les sœurs Macaluso se retrouvent toutes, les vivantes et les disparues, à un enterrement. La parole jaillit : les joies, les rancunes, les frustrations, tout ce que porte en soi une famille, jusqu’à ce qu’on comprenne que l’enterrement est pour l’une d’entre elles, à qui il faut dire adieu. Au fond, la pièce parle d’un seuil, d’une frontière où les personnages disparaissent, un peu comme ces messages qu’on efface et qu’on ne sait pas où retrouver.
Emma Dante
L’époque est à l’individualisme, à la représentation égo-maniaque, et les artistes ne font pas exception. Mais travailler en compagnie pendant des années, construire un langage, écrire ensemble, bâtir un répertoire pour que les pièces ne meurent pas, c’est une chose antique. Eduardo le faisait, Shakespeare aussi. C’est ce chemin que nous avons choisi, très difficile, très fatiguant, très collectif. Vivre en compagnie, diriger une compagnie, cela signifie écrire pour elle, pour la faire travailler, pour la faire manger, mais aussi pour donner au public la possibilité de suivre un chemin, pas un spectacle, pas un événement, mais un chemin. Je crois encore beaucoup à cette chose.
mise en scène : Emma Dante
avec : Serena Barone, Elena Borgogni, Sandro Maria Campagna, Italia Carroccio, Davide Celona, Marcella Colaianni, Alessandra Fazzino, Daniela Macaluso, Leonarda Saffi, Stéphanie Taillandier lumières : Cristian Zucaro,
armures : Lo Monaco Celano,
assistante à la mise en scène :
Daniela Gusmano
coproduction : Teatro Stabile di Napoli ; Festival d’Avignon ; Théâtre National (Bruxelles) ; Folkteatern (Göteborg)
en collaboration avec la compagnie Atto Unico, Sud Costa Occidentale
en partenariat avec le Teatrul National Radu Stanca (Sibiu, RO)
Le Sorelle Macaluso a été crée dans le cadre du projet Villes en scène – Cities on stage, avec le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne
ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne.
Emma Dante présente également au Théâtre Molière-Sète, scène nationale archipel de Thau
Bestie di scena
le mardi 20 novembre à 20h30 dans le cadre de « Destinazione Italia » du 16 au 23 novembre au Théâtre Molière