La Loi du marcheur  (entretien avec Serge Daney)

Serge Daney se définissait comme un fils du cinéma, un « ciné-fils », un enfant de cet art qui l’avait recueilli, lui avait promis un monde et permis d’aiguiser son regard sur les signes et les mouvements de son époque. En retour, il était devenu « passeur » de cinéma, dédiant sa vie à parcourir le monde pour montrer des films et parler des nuits entières. En 1992, quelques semaines avant sa mort, il avait accordé un long entretien filmé à Régis Debray pour la télévision.
Sur scène, Nicolas Bouchaud seul devant (et parfois derrière) un unique écran de projection, épouse les mouvements de cette pensée alerte, ses hésitations, ses brusques interruptions, ses bonds. D’un développement théorique à un souvenir d’enfance, d’un rêve de western à une certaine éthique du regard, il se glisse dans les images d’un film ou questionne soudain le public. Comme Daney, il partage. Il se fait le passeur du passeur, le spectateur des spectateurs.

Nicolas Bouchaud, Éric Didry

Comédien depuis 1991, Nicolas Bouchaud travaille d’abord sous les directions d’Étienne Pommeret, Philippe Honoré… Il rencontre Didier- Georges Gabily qui l’engage pour les spectacles Des cercueils de zinc (Théâtre de la Bastille, 1992), Enfonçures (Théâtre de la Bastille, 1993), Gibiers du temps, Dom Juan / Chimères et autres bestioles. Il joue sous la direction de Yann-Joël Collin dans Homme pour homme et L’Enfant d’éléphant de Bertolt Brecht, Henri IV (1ère et 2ème parties) de Shakespeare; de Claudine Hunault dans Trois Nôs Irlandais de William Butler Yeats ; de Hubert Colas dans Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht ; de Bernard Sobel dans L’Otage de Paul Claudel ; de Rodrigo Garcia dans Roi LearBorges + Goya ; avec le Théâtre Dromesko dans l’utopie fatigue les escargots ; de Christophe Perton dans le Belvédère d’Odön von Horvàth. Jean-François Sivadier lui propose le rôle principal de toutes ses mises en scène de théâtre depuis 1998 : L’impromptu Noli me tangere, La Folle journée ou Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Italienne scène et orchestre, La Mort de Danton de Georg Büchner, Le Roi Lear de Shakespeare (Avignon Cour d’honneur), La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau, Le Misanthrope (Prix du Syndicat de la Critique), Don Juan et L’Ennemi du Peuple. En 2012, il joue dans Projet Luciole mise en scène de Nicolas Truong au Festival d’Avignon dans le cadre de « sujets à vif ». Il joue et co-met en scène Partage de Midi de Paul Claudel, en compagnie de Gaël Baron, Valérie Dréville, Jean-François Sivadier et Charlotte Clamens à la Carrière de Boulbon pour le Festival d’Avignon en 2008. En 2011, il joue au Festival d’Avignon Mademoiselle Julie de Strindberg mis en scène par Frédéric Fisbach avec Juliette Binoche. En 2010, il met en scène Deux Labiche de moins pour le Festival d’Automne en 2012. Depuis 2010, à son initiative et avec la même équipe, Nicolas Bouchaud a développé 4 spectacles : la Loi du marcheur (entretien avec Serge Daney), Un métier idéal (d’après John Berger et Jean Mohr), Le Méridien (d’après Paul Celan) et Maître Anciens (d’après Thomas Bernhard). Eric Didry et Véronique Timsit ont assuré, respectivement, la mise en scène et la collaboration artistique de ces projets.
Au cinéma, il tourne avec Jacques Rivette Ne touchez pas à la hache ; avec édouard Niermans, La Marquise des ombres ; avec Pierre Salvadori Dans la cour ; avec Jean Denizot La Belle vie et avec Mario Fanfani Les Nuits d’été en 2015. Depuis 2015, il est artiste associé au Théâtre national de Strasbourg dirigé par Stanislas Nordey.

Éric Didry se forme auprès de Claude Régy, comme assistant à la mise en scène et comme lecteur pour les Ateliers Contemporains. Il travaille également comme collaborateur artistique de Pascal Rambert. À partir de 1993, il devient créateur de ses propres spectacles : Boltanski / Interview (1993) d’après « Le bon plaisir de Christian Boltanski par Jean Daive », Récits / Reconstitutions, spectacle de récits d’expériences personnelles (1998), Non ora, non qui d’Erri de Luca (2002), Compositions, nouveau spectacle de récits (2009). En 2010, il met en scène La Loi du marcheur (entretien avec Serge Daney) avec Nicolas Bouchaud. Il crée en 2012 Qui-Vive, spectacle conçu avec le magicien Thierry Collet. En 2013, toujours avec Nicolas Bouchaud, il met en scène Un métier idéal adapté du livre de John Berger. En octobre 2015, à nouveau avec Nicolas Bouchaud, il créé le Méridien d’après Paul Celan. En janvier 2017, il met en scène Dans la peau d’un magicien, spectacle conçu avec Thierry Collet. En novembre 2017, il met en scène Maîtres anciens (comédie) de Thomas Bernhard, un projet de et avec Nicolas Bouchaud.
Il collabore avec d’autres artistes comme les chorégraphes Sylvain Prunenec et Loïc Touzé, le créateur son Manuel Coursin.
La pédagogie tient une place importante dans son activité. Il intervient régulièrement à l’École du Théâtre National de Bretagne dont il est membre du conseil pédagogique. Depuis de nombreuses années, il anime régulièrement en France et à l’étranger, des ateliers de récits où il réunit acteurs et danseurs.

projet de Nicolas Bouchaud
mise en scène d’Éric Didry

d’après : Serge Daney, Itinéraire d’un ciné-fils — entretiens réalisés par
Régis Debray, un film de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin
interprète : Nicolas Bouchaud
collaboration artistique : Véronique Timsit
lumière : Philippe Berthomé
scénographie : Elise Capdenat
son : Manuel Coursin
vidéo : Romain Tanguy et Quentin Vigier

production : OTTO productions & Théâtre Garonne – scène européenne
coproduction : Théâtre du Rond-Point / le Rond-Point des tournées ; Théâtre de la Cité – CDN Toulouse Occitanie ; Cie Italienne avec Orchestre ; Festival d’automne Paris
diffusion OTTO productions – Nicolas Roux