Schiller compose en 1781 une allégorie politique qui fait grand scandale. Imaginant la lutte à mort de deux frères ennemis, deux fils de la féodalité finissante, il met en miroir une série d’oppositions : la dissidence et l’opportunisme, les forêts anarchistes et le pouvoir chaotique, les crimes des insurgés et ceux des puissants. Mikaël Serre est fidèle à la trame originale, mais pas seulement : par un jeu d’échos historiques,  d’insertions clandestines, de substitutions affirmées, il y met à l’épreuve les sensibilités et imageries politiques de notre temps.

Mikaël Serre

Entre bouffées de terreurs et colères pour arriver à envisager un futur et ma paralysie, mon sentiment d’oppression face aux certitudes et prises d’opinion — même d’amis — qui défilaient sur les réseaux sociaux de mon portable ; pris d’effroi à l’idée que même un combat juste puisse à la lecture devenir complètement stupide sur ces supports, je me demandais si la pensée que je ne pouvais plus avoir de pensée pourrait encore être un sujet de travail. C’est alors que revenant sur mon passé, pensant y trouver un sens plus probant, je me suis souvenu avoir lu quelques passages des Brigands de Schiller, alors que lycéen je vivais seul en Allemagne à Bad Godesberg au bord du Rhin et non à Palm Springs comme je me rêvais alors. Le souvenir encore vif qu’il me reste de cette lecture très « Sturm und Drang » est de m’être éveillé à la justesse du combat, essentiel, et qu’il faudra sans doute un jour avoir le courage de prendre les armes et se battre contre toutes les oppressions et injustices.

Mikaël Serre