Le jeune empereur Caïus Caligula a disparu. Le pouvoir est vacant, les réformes à l’arrêt. La classe politique gronde et s’interroge : quelle nouvelle excentricité, quelle douleur insondable l’a poussé sur les routes ? Une nuit, il réapparaît, sale, égaré, et s’arrête devant son miroir. Il était, dit-il, allé chercher la lune, au motif qu’il ne l’avait pas. Ainsi débute la pièce de Camus…
Au soir du Nouvel an, devant la malle aux souvenirs, deux vieux amants revivent leur histoire à rebours, en danses et en chansons : les voici à vingt ans, à quarante, première rencontre, premier baiser, premier enfant.
Fidèle à ses obsessions, l’autrice et metteuse en scène sicilienne Emma Dante, bien connue aux 13 vents (Le Sorelle Macaluso, Misericordia) déplie ici, dans un incessant tourbillon musical, le cours d’une histoire d’amour, rythmée au fil des années par les chansons populaires et la douleur secrète d’une femme.
Sur le sol noir et mat, absorbant la lumière, étouffant les sons, entre un groupe de femmes qui bientôt pleureront des larmes blanches, des larmes de lait, ce lait que leurs enfants auraient bu s’ils étaient encore en vie, et qui inonde à présent la scène. D’image en image, de métaphores en métaphores, de corps inanimés en corps ressuscités, le lieu se morcelle et se transforme en un paysage radieux à force de cris et de chants.
Quatre comédiens, témoins désolés et ironiques de l’échec de tous les gouvernements libanais depuis la fin de la guerre civile, veillent patiemment sur les ruines de leur pays. Une énième reconstruction serait un leurre, ou une manne de plus pour les promoteurs au pouvoir. En rupture lucide avec l’imagerie traditionnelle et idyllique du modèle national, ils décident de procéder à une ordalie, un exercice de jugement et de mise à l’épreuve, dans l’espoir de mettre fin au cycle de destruction et d’impunité dans lequel ils ont grandi.
Se souvenant de ses étés dans le village natal de sa mère en Calabre, le dramaturge et metteur en scène Fabrice Melquiot a écrit pour l’acteur François Nadin ce texte vibrant. Pour la première fois de sa vie, il aborde l’histoire de la mafia avec son long chapelet de violence et de morts de 1860 à nos jours.
discussion avec Nathalie Garraud sur la représentation des femmes dans la création contemporaine
auditorium du MO.CO. Panacée, ouvert à tou.te.s, entrée libre
Une femme sans nom, hantée par le nom d’Ophélie, seule à sa table dans une pièce étrange, convoque ou subit des apparitions, entend des voix et des musiques. Bientôt, c’est tout un siècle, de la fin de la Première Guerre mondiale aux années 1970, qui défile autour d’elle, entrechoqué à des visions contemporaines.
Ce Qui Vive ! est conçu avec Nathalie Garraud, Olivier Saccomano et la Troupe Associée. Il débute par le séminaire d’Olivier Neveux. La grande invitée de ce Qui Vive ! est la philosophe Geneviève Fraisse.
et aussi
jeu 30 nov à 19h au MO.CO. Panacée, les Jeudis MO.CO. Panacée
discussion avec Nathalie Garraud sur la représentation des femmes dans la création contemporaine pour toutes et tousANNULÉ
sam 2 et 9 déc, dim 10 déc à 15h au Musée Fabre, « Vous voyez une femme… »
visite du musée à plusieurs voix avec des artistes de la Troupe associée et un médiateur sur réservation
lun 18 déc à 19h, Apéro de la critique
apéro/discussion autour de la pièce Institut Ophélie,
afin de partager des expériences de spectateur·rice·s,
animé par Lorie-Joy Ramanaidou et Florian Onnéin à la Brasserie Le Dôme
Le roman de Thomas Bernhard se déroule entièrement au Musée d’histoire de l’art de Vienne où Reger, critique musical, a donné rendez-vous à Atzbacher, son ami philosophe, pour une raison qui ne sera dévoilée qu’à la toute fin. Atzbacher, arrivé en avance, observe Reger et se met à relayer les pensées corrosives de son ami sur les œuvres du musée, l’État catholique, les traditions établies, les artistes et philosophes d’aujourd’hui et d’hier.
Serge Daney se définissait comme un fils du cinéma, un « ciné-fils », un enfant de cet art qui l’avait recueilli, lui avait promis un monde et permis d’aiguiser son regard sur les signes et les mouvements de son époque. En retour, il était devenu « passeur » de cinéma, dédiant sa vie à parcourir le monde pour montrer des films et parler des nuits entières.
Entouré de tuyaux, de machines et de matériaux, un homme réfléchit : si cette bobine, inventée en 1850 par monsieur Ruhmkorff, peut transformer une énergie de basse intensité en une décharge de 60 000 volts… n’y a-t-il pas là un phénomène tout indiqué pour nous aider à méditer la puissance fulgurante du désir sexuel ? Le sexe.
Installé sur la scène, dans un espace boisé, le public se tient au plus près des instruments de bois (piano, violoncelle) pour mieux plonger dans un sommeil éveillé, à l’écoute des mots-sons des interprètes, ces mots empruntés au poète-penseur Gaston Bachelard qui irriguent depuis de nombreuses années les créations de Pierre Meunier et Marguerite Bordat.
Entre un mur de fours à micro-ondes béants et un pan de self-service rappelant toutes les cantines de tous les collèges de France, une assiette géante occupe le centre de la scène, avec couteau géant et fourchette géante : tout, à l’adolescence, prend d’immenses proportions. Pour les quatre jeunes acteur·ice·s qui vont prendre la parole, tout est violent : ce qu’on veut leur faire avaler ou leur faire cracher, ce corps qui pousse sans savoir où il va, ces normes que les groupes ou les « adultosaures » posent comme condition à leur inclusion, la honte née d’un bouton, d’un poil, d’un désir ou d’une origine.
C’est l’histoire d’une traversée, celle de Marie, une femme dont la vie flanche, partie un jour s’échouer dans les Cévennes. Des Cévennes de rêve ou de cauchemar, battues par le vent, peuplées de signes et de femmes qu’on dirait désadaptées : une logeuse qui indique des lieux où se perdre, des quarantenaires urbaines en quête de résurrection, une muette qui vend des fromages, une éleveuse de vaches mythologiques, et surtout les gogoles de l’atelier de peinture.
Juliette et Roméo sont morts, pièce tout public, s’intéresse à l’adolescence. Elle est jouée par deux actrices et un acteur de quarante ans qui se souviennent. Ils ont joué la pièce Roméo et Juliette à 14 ans et maintenant ils reviennent. De la distribution originale il ne reste qu’eux trois. Trois jeunes premiers qui auraient vieilli, hantés par la partition shakespearienne, ses fantômes et les fantasmes qu’elle a imprimés sur leurs libidos d’artistes à mi-parcours, curieux des désirs des jeunes d’aujourd’hui.
Ce Qui Vive ! est conçu avec les équipes de Rébecca Chaillon, Marion Aubert et Marion Guerrero, Céline Champinot. Il débute par le séminaire d’Olivier Neveux.
Six adultes, trois hommes, trois femmes, sont confrontés à des situations limites : une professeure de piano avoue à des parents l’histoire d’amour qu’elle vit avec leur fils, son élève ; un bébé apparaît sur la banquette arrière de la voiture d’un couple ; un homme et une femme hébergent au pied de leur lit un homme étrange ; des enfants disparaissent brusquement du foyer familial. À chaque pièce du puzzle, un même rapport semble se creuser : celui d’un gouffre entre les générations, celui aussi d’une incompréhension. Mais chaque soir, la représentation est différente, car certaines scènes (pièces du puzzle) manquent, différentes de celles qui manquaient à la représentation de la veille.
La pièce est construite à partir de cinq gestes, arrivant sans prévenir dans une situation familiale. Cinq gestes ayant à voir, de près ou de loin, avec la sexualité. Cinq gestes qui dérangent les rapports tels qu’ils sont socialement établis, investis et quadrillés par la religion, la médecine, la justice, la science, l’éducation. Cinq gestes qui transgressent un interdit, mais sans l’ombre d’une provocation, et qui forcent les protagonistes à avouer où ils en sont de leur désir, à faire l’épreuve d’une vérité.
spectacle co-accueilli avec Le Printemps des Comédiens, édition 2024 du festival
Dans cette pièce, il est question d’explorateurs, de pantoufles, de monstres terribles avec des yeux terribles, d’une cité perdue, d’or et d’une grande femme. On croise aussi, à l’horizon, une diseuse de bonne aventure, des cartes, beaucoup de cartes, énormément de cartes. Et, encore plus loin, des bagarres pleines de bourre-pif entre le hazard avec un Z et une calculatrice.